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Discours d'adieu du roi Béhanzin

Ce célèbre discours du roi Béhanzin est le dernier message fort qu'il a prononcé le 20 janvier 1894 en signe d'hommage à son armée dont il a toujours loué le courage et la bravoure des soldats et des amazones.
« Compagnons d'infortune, derniers amis fidèles, vous savez dans quelles circonstances, lorsque les Français voulurent accaparer la terre de nos aïeux, nous avons décidé de lutter.
Nous avions alors la certitude de conduire notre armée à la victoire. Quand mes guerriers se levèrent par millier pour défendre le Danhomè et son roi, j'ai reconnu avec fierté la même bravoure que manifestaient ceux d'Agadja, de Tégbessou, de Ghézo et de Glèlè. Dans toutes les batailles j'étais à leurs côtés.
Malgré la justesse de notre cause, et notre vaillance, nos troupes compactes furent décimées en un instant. Elles n'ont pu défaire les ennemis blancs dont nous louons aussi le courage et la discipline. Et déjà ma voix éplorée n'éveille plus d'écho.
Où sont maintenant les ardentes amazones qu’enflammait une sainte colère ?
Où, leurs chefs indomptables : Goudémè, Yéwê, Kétungan ?
Où, leurs robustes capitaines : Godogbé, Chachabloukou, Godjila ?
Qui chantera leurs splendides sacrifices ? Qui dira leur générosité ?
Puisqu’ils ont scellé de leur sang le pacte de la suprême fidélité, comment accepterais-je sans eux une quelconque abdication ?
Comment oserais-je me présenter devant vous, braves guerriers, si je signais le papier du Général ?
Non ! A mon destin je ne tournerai plus le dos. Je ferai face et je marcherai. Car la plus belle victoire ne se remporte pas sur une armée ennemie ou des adversaires condamnés au silence du cachot. Est vraiment victorieux, l'homme resté seul et qui continue de lutter dans son cœur. Je ne veux pas qu'aux portes du pays des morts le douanier trouve des souillures à mes pieds. Quand je vous reverrai, je veux que mon ventre s'ouvre à la joie. Maintenant advienne de moi ce qui plaira à Dieu ! Qui suis-je pour que ma disparition soit une lacune sur la terre ?
Partez vous aussi, derniers compagnons vivants. Rejoignez Abomey où les nouveaux maîtres promettent une douce alliance, la vie sauve et, paraît-il, la liberté. Là-bas, on dit que déjà renaît la joie. Là-bas, il paraît que les Blancs vous seront aussi favorables que la pluie qui drape les flamboyants de velours rouge ou le soleil qui dore la barbe soyeuse des épis.
Compagnons disparus, héros inconnus d'une tragique épopée, voici l'offrande du souvenir : un peu d'huile, un peu de farine et du sang de taureau. Voici le pacte renouvelé avant le grand départ.
Adieu, soldats, adieu !...
Guédébé...reste debout, comme moi, comme un homme libre. Puisque le sang des soldats tués garantit la résurrection du Danhomè, il ne faut plus que coule le sang. Les ancêtres n'ont plus que faire de nos sacrifices. Ils goûteront mieux le pur hommage de ces cœurs fidèles unis pour la grandeur de la patrie.
C'est pour quoi j'accepte de m'engager dans la longue nuit de la patience où germent des clartés d'aurore.
Guédébé, comme le messager de la paix, va à Ghoho où campe le général Dodds.
Va dire au conquérant qu'il n'a pas harponner le requin.
Va lui dire que demain, dès la venue du jour, de mon plein gré, je me rends au village de Yégo.
Va lui dire que j'accepte, pour la survie de mon peuple, de rencontrer dans son pays, selon sa promesse, le président des Français. »
extrait de - Kondo le requin - Jean PLYA - Ed. CLE.
 
Le 26 janvier 1894, le roi Béhanzin arrive à Goho pour rencontrer le gérnéral français Dodds et mit fin à la guerre.
Le roi Béhanzin a aussi laissé ce message pathétique aux enfants de son pays : "Le Requin  se rend. Mais, les fils du Dahomey ne trahiront pas".
Ainsi prit fin la fantastique histoire du royaume de Dahomey libre et indépendant.
 
BÉHANZIN DU DAHOMEY

A la fin du XIXème siècle, les explorateurs Brazza, Nachtigal et Autres Stanley, passionnaient les Européens par leurs récits exotiques. Quant au cynique Premier ministre britannique, Lord Salisbury, concernant le partage de l'Afrique, il avouera : Nous nous sommes donnés les uns aux autres des montagnes, des fleuves et des lacs, alors que - si incroyable que cela puisse paraître - nous n'avons jamais su exactement où se trouvaient ces montagnes, ces fleuves et ces lacs. Les puissances européennes finissaient ainsi de bâtir leurs empires coloniaux en nouant alliances et traités avec les accords souvent aléatoires de quelques roitelets locaux. Dans leur immense majorité, les populations africaines restaient toujours exclues du processus. A l’exception des résistants intransigeants et opposés à toute occupation étrangère, la plupart des monarques africains entraient dans le jeu des colons au gré des avantages qu'ils escomptaient en tirer. Mais bien souvent, les choses se gâtaient à la première divergence d'intérêts. Ainsi, en pleine concurrence franco-allemande et complicité franco-anglaise sur le contrôle total du territoire de Cotonou (dans l'actuel Etat du Bénin), le roi d'Abomey, Glélé, se rappela au bon souvenir de ces messieurs. Le monarque dahoméen était contre l'installation d'un poste de douane français à Cotonou. Peu de temps avant, il avait laissé faire le percement d'une lagune et l'établissement du câble. Malgré cette évidente bonne volonté, il se plaignit d'avoir essuyé sur son territoire, un obus tiré par un navire de guerre français. Cette attitude inamicale à ses yeux, lui faisait renier tous les traités signés par ses prédécesseurs. Et Glélé d'ajouter que les choses avaient assez duré car les droits sur les territoires africains et l'administration des peuples qui les habitent ne se décident pas à Paris ou à Berlin. Quelques accrochages très durs sur le terrain, obligèrent les Français à négocier. Ils proposeront une liste de cadeaux au souverain dahoméen, en échange de sa neutralité dans les affaires du territoire voisin sous leur protectorat. Cette exigence était jugée intolérable par le monarque qui accepta malgré tout de recevoir une délégation française. Cette mission sera reçue en novembre 1889 par le prince Kondo à la place de son père malade. En fait de négociation, le prince Kondo leur récita un inépuisable répertoire d'injures. Kondo dénonçait tous les traités antérieurement signés et ne reconnaissait aucune souveraineté étrangère sur le territoire voisin de Cotonou. Les négociateurs découvraient en Kondo l'anticolonialiste soupçonné depuis longtemps et qui était en passe d'accéder au pouvoir car le vieux monarque Glélé était mourant. Devant pareille fin de non-recevoir, Bayol décida de se retirer et d'informer les autorités françaises sur la situation. Il jugeait inévitable l'ouverture des hostilités. La France réagit en dépêchant deux compagnies de tirailleurs sénégalais et un armement lourd, pour protéger les établissements commerciaux, les factoreries et ses ressortissants. Peu après cela, le pays devait apprendre la mort du roi d'Abomey. Son fils le prince Kondo fut couronné sous le nom de Ahydjéré Béhanzin avec pour emblème royal, le requin. Le résistant dahoméen eut ainsi les mains libres pour mener campagne contre l'occupation coloniale. Béhanzin annonça d'entrée la couleur en lançant une offensive en direction de la côte pour tester le dispositif de l'adversaire. Ensuite, le chef de guerre africain se replia pour concentrer ses troupes sur Abomey, Agody et les rives de l'Ouémé avec l'objectif de prendre Porto Novo, fief de son ennemi pro-colonialiste Toffa. Les troupes de Béhanzin étaient composées de 15 000 hommes vêtus de pagnes blancs, armés de couteaux, de machettes et de fusils. Le monarque dahoméen les avait soigneusement sélectionnés, musclés et robustes. Au combat, ces guerriers étaient secondés par des femmes surnommées les Amazones vierges du Dahomey.

Elles étaient 4 000 et constituaient la garde personnelle du souverain. L'existence de ces troupes de combat composées exclusivement de femmes, remonte à la fin du XVIIème siècle. Commandées par une générale, elles encadraient le souverain pendant ses expéditions. Toutes ces combattantes amazones vierges du Dahomey étaient soumises à une discipline de fer et devaient observer une chasteté indéfectible.


Tout manquement à cette règle était puni de mort. Ces femmes combattantes étaient loyales et réputées féroces au combat. N’obéissant qu’aux ordres directs du monarque, elles étaient réparties en quatre corps d'armée :
- Les Gulenentos ou «fusillères», elles sont armées de longs fusils à munitions de fabrication locale.
- Les Nyekplonentos appelées «faucheuses», sont équipées de grands coutelas en forme de rasoirs et qui tranchent l'ennemi en deux.
- Les Gohentos sont des « archères » armées de redoutables flèches à tête crochue qui pénètrent et s'accrochent à la chaire comme un hameçon.
- Les Gbetos quant à elles, surnommées les « chasseresses », sont spécialisées dans le harcèlement de l'ennemi.

Des renforts venus de l'Ariège permirent aux autorités coloniales d'occuper Cotonou et d'en expulser les Dahoméens. Béhanzin réagit en attaquant d'abord Zogba puis infligea quelques pertes aux troupes coloniales le 4 mars au cours de l'attaque de Cotonou. Par la suite, le monarque dahoméen réussira l'encerclement de Porto Novo le 19 avril 1890. Quant au combat de Atchoupa, d'une rare violence, il fut très éprouvant pour les deux armées. Pendant cette première crise franco-dahoméenne, un des administrateurs de Béhanzin avait pris en otage les Français de Ouidah. Béhanzin les fera libérer le 8 mai après leur avoir dicté une lettre au « roi de France ». Ce dénouement inattendu devait détendre quelque peu l'atmosphère surtout à la veille de l'ultimatum fixé par le commandant français Fournier. Ce dernier menaçait de bombarder Ouidah le 9 mai si les otages n'étaient pas libérés. Après ces incidents, Paris lança une grande offensive diplomatique pour conclure un traité de paix avec Béhanzin. Mais le monarque dahoméen devait prendre en otage la première délégation.

Sans se décourager, les Français enverront d'autres émissaires dont le père Dorgère qui réussira à amener tout le monde autour d'une table de négociation le 15 septembre 1890 à Ouidah. Alternant séduction et menaces, les envoyés de Béhanzin finirent par accepter un accord le 3 octobre 1890 par lequel les deux parties s'engageaient à respecter tous les traités antérieurement signés. En prime, Béhanzin obtenait une indemnité annuelle de 20 000 francs pour l'occupation du territoire voisin de Cotonou. Les Français étaient satisfaits des termes de cet arrangement qui en plus leur permettaient de gagner du temps. Mais dans son royaume, ce traité renforçait le prestige de Béhanzin car, aux yeux de ses sujets il était perçu comme une capitulation. Pour les Dahoméens, si les Français avaient privilégié ce moyen, c'est bien parce qu'elles ne pouvaient battre Béhanzin sur le terrain. Grave erreur d’appréciation, car la mission Audeoud qui suivit, conduite par une délégation interarmées, n’avait que pour véritable but, d’espionner Béhanzin. Les missionnaires militaires avaient reçu l’ordre d'évaluer les forces du monarque dahoméen et d'étudier le terrain pour des opérations futures. Ils allaient néanmoins être ridiculisés par Béhanzin. Ces personnalités représentant la France ignoraient tout des coutumes locales. Ainsi, elles s'étaient munies de branches de palme, pensant par ce geste, affirmer la sincérité du traité signé et s'engageaient à respecter une paix durable. Or, dans les royaumes locaux, il s'agissait d'une demande de pardon, une attitude humiliante qui amusa beaucoup les Africains pliés de rire et de moqueries sous l’œil complice de Béhanzin. En fait, le monarque dahoméen était éprouvé par les durs combats de Porto Novo. Aussi, pour gagner du temps et réorganiser son armée, il avait tout simplement signé le traité du 3 octobre. Les Français ne tarderont pas à comprendre car dès le mois de juin 1891, Béhanzin acquit 5000 fusils pour ses hommes. Ensuite, au mépris du récent traité signé, il lança une série d’attaques meurtrières sur le territoire voisin sous protectorat français. Entre septembre 1891 et mars 1892 BéhanzinBéhanzin poursuivra ses attaques jusqu’à celle de l'Ouémé qui devait provoquer une réaction française. A la tête d'un détachement de tirailleurs, le gouverneur Ballot fera face à BéhanzinBéhanzin au cours d’un bref mais violent affrontement. L’officier français fera ensuite un rapport à Paris au sujet de ces incidents tout en protestant officiellement auBéhanzinprès de Béhanzin. Toujours ironique, provocateur et fidèle à lui-même, voici lBéhanzines réponses que Béhanzin lui fit parvenir :

Je vous adresse ces deux lignes pour avoir des nouvelles de votre santé et en même temps vous dire que je suis bien étonné du récade (message) que Bernardin a apporté au cabécère Zodohouncon pour être communiqué au sujet des six villages que j'avais détruits il y a trois ou quatre jours. Je vous garantis que vous vous êtes bien trompé. Est-ce que j'ai été quelques fois en France faire la guerre contre vous ? Moi je reste dans mon pays, et toutes les fois qu'une nation africaine me fait mal, je suis bien en droit de la punir. Cela ne vous regarde pas du tout. Vous avez eu bien tort de m'envoyer ce récade, c'est une moquerie ; mais je ne veux pas qu'on se moque de moi, je vous répète que cela ne me fait pas plaisir du tout. Le récade que vous m'avez envoyé est une plaisanterie et je le trouve extraordinaire. Je vous défends encore et ne veux pas avoir de ces histoires. Si vous n'êtes pas content de ce que je vous dis, vous n'avez qu'à faire tout ce que vous voudrez, quant à moi, je suis prêt. Vous pouvez venir avec vos troupes ou bien descendre à terre pour me faire une guerre acharnée. Rien d'autre

Agréez, Monsieur le gouverneur, mes salutations sincères.

Béhanzin, roi du Dahomey

Le 28 novembre 1891, le parlement français refusera de verser à Béhanzin les 20 000 francs promis au traité d'octobre 1890. Le souverain dahoméen adressa la lettre suivante au gouverneur Ballot :

Je viens d'être informé que le gouvernement français a déclaré la guerre au Dahomey et que la chose a été décidée par la chambre de France. Je vous préviens que vous pouvez commencer sur tous les points que vous voulez et que moi-même je ferai de même, mais je vous avise que si un de nos villages est touché par le feu de vos canons, tels que Cotonou, Godomey, Calavi, Avrékété, Ouidah et Agony, je marcherai directement pour briser Porto Novo et tous les villages appartenant au Porto Novo...

La première fois je ne savais pas faire la guerre, mais maintenant je sais. J'ai tant d'hommes qu'on dirait des vers qui sortent des trous. Je suis le roi des noirs et les blancs n'ont rien à voir à ce que je fais. Les villages dont vous parlez sont bien à moi, ils m'appartiennent et voulaient être indépendants, alors que j'ai envoyé les détruire et vous venez toujours vous plaindre. Je désirerais savoir combien de villages français indépendants ont été brisés par moi ? roi du Dahomey. Veuillez rester tranquille, faire votre commerce à Porto Novo, comme cela nous resterons toujours en paix comme auparavant. Si vous voulez la guerre je suis prêt. Je ne la finirai pas quand même elle durerait cent ans et me tuerait 20 000 hommes.



Dès lors, la rupture était on ne peut plus consommée et la deuxième campagne du Dahomey inévitable. La France allait encore se lancer dans la guerre. Cette fois, Paris décida d'employer les grands moyens pour venir à bout de ce guerrier insolent qui ne cessait de narguer son pouvoir. C’est le Président de la république en personne, M. Sadi Carnot, qui nommera à la tête du corps expéditionnaire, un soldat d'élite en la personne du colonel Dodds (Métis sénégalais), et l'investira des pouvoirs militaires et civils. Pour mener à bien sa mission, Dodds disposera du quatrième régiment d'infanterie de marine et plus tard, de 800 légionnaires, de deux escadrons de spahis sénégalais, de six compagnies de tirailleurs sénégalais et d'un armement lourd des plus modernes. Au total, le corps expéditionnaire commandé par Dodds sera composé de plus de 3 000 hommes. C’est également lors de cette campagne que les premières balles explosives furent expérimentées par les troupes françaises contre les hommes de Béhanzin.

Pour gêner le ravitaillement des forces dahoméennes en armes et en munitions, Dodds commencera sa campagne en décrétant un blocus économique. Le 26 juin 1892 après un temps d'observation, Béhanzin passait à l'attaque sur le lac Denham. Dodds réagira en attaquant Zobbo. L’officier français donnera également l’ordre de bombarder Godomey, Abomey, Calavi et Ouidah. Le 19 septembre de violents combats se déroulèrent à Dogba où Béhanzin avait encore décidé d'attaquer. Le 4 octobre les troupes coloniales subiront l’assaut des femmes guerrières de Béhanzin, les Amazones vierges du Dahomey. Dodds contiendra cette attaque et occupera le pont stratégique de la rivière Pokissa. Entre le 13 et le 17 octobre 1892, les troupes françaises - légionnaires et tirailleurs sénégalais -, feront face à de nouvelles offensives de Béhanzin toutes plus violentes les unes que les autres et particulièrement à Oumbouémé et Akpa. A la suite de quoi, Dodds décida de se replier. L’officier français avouera 21 tués et 136 blessés. Il reprendra le combat quelques jours plus tard pour occuper le palais sacré de Djéhoué. Il l'abandonnera suite à un combat meurtrier contre les forces dahoméennes. Il faudra à l'officier français, faire charger les Sénégalais à la baïonnette dans un mémorable corps à corps pour en déloger Béhanzin. Enfin, le moment de livrer la dernière bataille arriva en ce matin du 4 octobre 1892. Béhanzin mobilisa tous ses combattants encore valides, appuyés par les courageuses Amazones vierges du Dahomey et mena l'assaut final à la tête d'une armée d'un autre âge. Son élan allait être brisé par une technologie et des moyens modernes. Le résistant africain laissera 4 000 morts et 800 blessés sur le terrain. Les troupes coloniales malgré leur supériorité en armement moderne, n’auront pas effectué qu’une simple promenade militaire pour terrasser Béhanzin. Le bilan de leur campagne s'élève à 93 morts au combat dont 15 officiers et 440 blessés. 205 hommes de leur corps expéditionnaire mourront également de maladie ou des suites de leurs blessures. BéhanzinBéhanzin
BéhanzinBéhanzin se retirera pour méditer pendant plusieurs mois à Atchérigbé. Après avoir fait des adieux poignants au dernier carré de ses fidèles, le monarque dahoméen ira se rendre en janvier 1894. Son adversaire Dodds, sera nommé général après cette campagne. L’officier français notera dans son rapport de fin de mission : «Il n'appartient qu'au gouvernement français de fixer les conditions de la reddition, telles qu'elles soient acceptées pour un adversaire dont il faut reconnaître le courage et l'énergie.» Ainsi, ce fut le premier hommage rendu au grand résistant dahoméen qu'était Ahydjéré Béhanzin. Et venant de l’homme qui l’a combattu aussi durement, cela n'en est que plus appréciable. Le roi Béhanzin sera d'abord déporté au fort Tartenson à la Martinique où il vécut une belle histoire d'amour avec la jeune créole Régina. Béhanzin dira de cette femme qu’elle était adorable et étrange car, si pleine de l’Afrique mais si différente de l’Afrique. Ensuite, les Français, sous la pression de l’opinion publique et de la presse, transféreront Béhanzin - qui souhaitait mourir en terre africaine - à Blida en Algérie où il décédera en 1906.

Source : « MEMOIRE D’ERRANCE » Par Tidiane N’Diaye

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L'EMPIRE DE SAMORY

Vers le sud, dans le Haut-Niger, Samory constitua au XIXè Sciècle un vaste Empire Djula couvrant la plus grande partie du pays Mandé. Il sera un de ces multiples soudanais qui ayant conscience du rôle joué par leurs ancêtres, opposeront une résistance farouche à la pénétration coloniale.

Fils de Lanfia Touré et de Sokona Camara, Samory est né vers 1840 à Minianbalandougou dans le pays Mandé. Il pratiqua d'abord le métier de son père qui était Djula (commerçant), puis il accepta de servir comme soldat dans l'armée de Sory Birama un chef de la région qui s'était emparé de sa mère et l'avait retenue comme captive ; l'objectif était d'obtenir la liberté de sa mère. C'est ainsi qu'il apprit le métier des armes et compléta son instruction coranique car Sori Birama, était un marabout renommé. Libéré au bout de sept ans avec sa mère, Samori s'établit à Sanankoro, dans le Wasolon et fit la guerre à son propre compte.

De 1870 à 1875, il rassemblait sous son autorité les multiples chefferies de la région qui se faisaient continuellement la guerre. Son autorité s'étendit du Haut - Niger à l'ouest jusqu'au royaume de Sikasso à l'est des Etats d'Ahmadou au nord à la forêt au Sud. Il unifia le pays et y ramena la paix et la prospérité. Maître d'une grande ville Kankan, il préféra fixer sa capitale à Bissandougou dans sa région natale.

L'armée et le gouvernement de Samory

L'armée de Samory était bien organisée ; elle comprenait sept puis dix corps, stationnés aux frontières, auxquelles s'ajoutait une garde d'élites à Bissandougou. Chaque corps comprenait un noyau de soldats de métier (les sofas), auxquels s'ajoutaient en cas de guerre les contingents fournis par les villages.

Les troupes portaient un uniforme jaune (bonnet, veste et pantalon serré à la cheville). Les fusils perfectionnés très peu nombreux à l'époque, étaient réparés ou même fabriqués à la main par des forgerons. Le pays était divisé en 162 cantons regroupés en dix gouvernements. Chaque gouvernement était dirigé par un parent ou un lieutenant de Samory, assisté d'un chef de guerre chargé du commandement des troupes et d'un marabout. Dans chaque gouvernement il plaça des gens d'origines différentes, pour effacer le souvenir des anciennes divisions familiales et tribales. Pour subvenir aux besoins du gouvernement, chaque village devait cultiver un champ au profit de Samory qui percevait aussi la dîme su l'or.

Musulman pieux, Samory prit le titre d'Almamy, fit détruire les fétiches et construire des mosquées. Il prescrivit à tous les notables et chefs sans exception, d'envoyer leurs enfants à l'école coranique. Ceux qui ne se conformèrent pas à ses ordres furent frappés d'amendes. Parfois, il interrogeait lui-même les enfants pour vérifier leurs connaissances.

Sa justice était très sévère. Tous les vendredis, en sortant de la Mosquée, sur la place ombragée qui lui faisait suite, il venait entendre les plaintes de ses sujets, venus parfois des régions les plus éloignées de son empire.

La résistance à la pénétration coloniale

C'est en 1881 que pour la première fois Samori se heurte aux troupes françaises près de Kita au Soudan. La pénétration française dirigée vers le Niger moyen ne l'inquiétait pas, il redoutait alors beaucoup plus les Anglais de Sierra-Léone. Il avait besoin de la paix avec les Français pour se procurer des chevaux auprès des traitants Sénégalais. Samori intervient dans la Haute vallée du Niger à partir de 1882 sur la demande des Keyita de Kangaba rivant de ceux de Nyagasola qui s'étaient mis sous tutelle française.

La guerre s'installe dans la haute Vallée lorsque Borgnis Desbordes arrive à Bamako en Février 1883. Kèmè Bourama frère de Samori porta alors dans cette région ses attaques contre les Français auxquels il livra des combats acharnés au Woyowayanko.

En Mars 1886, Samori signe avec la France le traité de Kimyebakura qui lui laisse le Buré et Kangaba et accepte d'envoyer en France comme ambassadeur et otage son fils Karamoko.

En 1887, par le traité de Bissandugu, il consent à des sacrifices supplémentaires en cédant aux français toute la rive gauche du Tinkiso et en acceptant leur protectorat. Ce traité laissait à Samory les mains libres pour entreprendre une grande campagne contre Tiéba, Faama de Sikasso. Son armée fit durant seize mois (1887-1888) le siège de Sikasso, mais ne put prendre la ville qui était remarquablement fortifiée. Cette campagne affaiblit inutilement Saamori et poussa Tiéba à signer avec les français un traité de protectorat. L'attitude des français inquiéte Samori (Construction du fort de Sigiri, qui menace ses Etats, en 1888 ; envoi d'une mission qui traverse ses Etats sans autorisation).

Par le traité de Nyako (13 Février 1889), il accepte pourtant de faire de nouvelles concessions en reculant la frontière du Tinkiso au Niger, jusqu'à sa source. Mais en 1891, contrairement aux engagements pris, le commandant de Sigiri fait fusiller un chef sofa rebelle qu'il s'était engagé à livre à Samori et confisque ses biens. Samori lui renvoie le traité qu'il a violé : c'est la guerre.

LES GUERRES DE SAMORI

La campagne de 1891 :

La provocation de Sigiri était voulue : depuis son arrivée au Soudan, Archinard était résolu à liquider Samori. Après avoir chassé Ahmadu de Segu et de Nyoro, Archinard attaque Kankan et pousse jusqu'à Bisandugu qu'il doit évacuer précipitamment ayant subi de lourdes pertes. Il doit battre en retraite après avoir laissé une garnisson à Kankan. N'ayant plus d'autre choix que de se préparer à la résistance, Samori tente d'abord d'exploiter les rivalités entre puissances coloniales en envoyant une ambassade à Londres pour obtenir le protectorat britannique. Mais l'Angleterre vient de signer avec la France un accord qui abandonne aux Français les régions où se trouve l'empire de Samori.

Alors sur l'initiative de Samori, les trois derniers grands souverains du Soudan, Samori, Ahmadu (réfugié à Bandiagara) et Tiéba nouèrent entre eux une alliance. Mais c'est trop tard. L'alliance ne pouvait se traduire par des résultats efficaces.

Samori sait désormais qu'il ne doit compter que sur ses propres forces. Sa résistance ca durer jusqu'en1898 ; il y donnera la preuve de son grand frère militaire et mettra au point une stratégie adaptée à son infériorité en matériel militaire. Il n'avait point de canons et ne disposait que de très peu de fusils perfectionnés venant de Sierra-Léone. Sachant par expérience que les tâtons (enceintes fortifiées) n'étaient pas indiqués pour résister à l'artillerie, il va opter pour la guerre mobile et de la terre brûlée : faire le vide devant l'ennemi, ne lui abandonna ni hommes, ni en réserves, tout en le harcelant sans trêve et en réoccupant le terrain après son passage.

Ainsi il se révèle un stratégie de génie adaptant sa stratégie et ses méthodes de combat aux conditions objectives dans lesquelles il se trouvent placer, afin de compenser au maximum l'infériorité de son armement.

       
SAMORI : L’HOMME ET SON EMPIRE

La guerre de 1891 à 1897



Une nouvelle colonne française commandée par Humbert, ravage les Etats de Samori (1891-1892), occupe Bisandugu et Sanankoro ; pendant qu'une partie de ses troupes harcèle les Français à l'ouest, trois colonnes dont l'une commandée par Samory lui-même, conquièrent de nouveaux territoire à l'est et y installe son peuple et son armée le capitaine Ménard est battu et tué à Segela.

La campagne de 1802 - 1803, dirigée par Combes, dont la cruauté terrorise les populations, permet aux français d'occuper Farana et de couper les communications de Samori avec la Sierra Leone. Celui-ci organise de nouvelles liaisons avec Monrovia et avec la Gold Coast (actuel Ghana). Vers le nord, Samori prend Buguni (1889 mais doit bientôt l'évacuer.

Il s'établit dans la partie soudanienne de la Côte d'Ivoire et se fixe à Dabakala (1894). Une colonne dirigée par Monteil vient alors de la Côte d'Ivoire pour l'attaque décimée par les forestiers de la Côte d'Ivoire la colonne Monteil subit un échec et doit se replier). La ville de Kong qui avait conclu alliance avec les Français, est prise et détruite par Samory (1895).

Samory se maintien en 1896 -97 mais sa situation devient difficile : la prise de Bobo Julaso par les Français lui coupe toute retraite nouvelle vers l'est. Les populations forestières, au sud, lui refusent le passage. Ses hommes sont épuisés.

LA FIN DE SAMORI

Samori fait alors des offres de paix, mais se refuse à rien accepter qui porte atteinte à sa dignité. Plutôt que de régner sous le contrôle d'un ''résident'' français, il préfère abandonner le pouvoir, à condition de pouvoir se retirer libre dans son village. Le commandement français lui fait espérer que ces conditions seront acceptées. Mais en réalité il est décidé à se débarrasser de lui.

Par surprise, un détachement français que les soldats de Samori prennent pour un groupe de négociateurs, pénètre dans son camp à Gélému et le fait prisonnier (1898). Samori est déporté au Gabon, dans une île de l'Ogooué, où il meurt deux ans plus tard (1900) victim
e du climat et de la mauvaise alimentation.

Source : « Ahounou constant » aliase constantlove 
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Béhanzin ou la résistance

Ahokponou ou Kondo est celui qui succèdera à son père sur la dynastie des "Aïnonvi" et qui va se révérer redoutable à l'envahisseur. Ce monument de la place Goho à l'entrée d'Abomey traduit encore si bien sa volonté d'arrêter l'avancement de toute évasion étrangère.
Kondo, prince installé dans son palais privé à Djimé va succéder à son père sous le non de "Gbè Hin Azin Bo Ayi Djrè" ce qui veut dire mot à mot "le monde tient l’œuf et la terre approuve" ce qui signifie le monde tient l’œuf que la terre approuve à sa juste valeur autrement dit en terme soutenue cela veut dire "Je suis le roi tant attendu par le monde entier". Il est donc symbolisé par l'œuf ou encore par le requin féroce capable de dévorer les Blancs qui veulent lui prendre sa terre. Jaloux de l'indépendance et de l'intégrité territoriale du Danhomè, Gbêhanzin luttera farouchement contre les envahisseurs français jusqu'à sa déportation. Béhanzin est un grand gaillard de quarante ans environ, le faciès éraillé par les excès prématurés lorsqu'il devient roi. Très tôt les français le verront en enneni et diront :
"L'héritier présomptif est notre ennemi".
Déjà pas encore roi, il reçoit nonchalement la délagation française au moment où son père le Roi Glèlè est malade. Il manifestera plus tard à la mort de son père et après son intronisation son désir farouche de tout remettre en cause pour que la terre des danhomènous soient entièrement et intégralement à eux. Il déclare tous traités nuls, repousse l'intervention française en terre danhoméenne. Il résiste aux patriotiques suggestions de l'ambassadeur français. Les cadeaux de M. Etienne ne font aucune impression. C'était pourtant une collection pittoresque d'échantillons de notre industrie nationale : un casque de dragon à crinière verte, une longue-vue de marine, un stéréoscope qui faisait voir les merveilles de paris en 1889, six pièces de soie et trois de velours, un yatagan à fourreau grenat, un bonnet d'astracan semblable à celui du Shah de Perse, orné de pierres précieusement fausses, une boite à musique jouant plusieurs airs, entre autre la marseillaise, le père la victoire, six douzaine de chaussette de laine, douze parapluies, vingt caisses de liqueurs. Toutes ces belles choses trouvent les spectateurs froids et dédaigneux.
Ainsi, Gbèhanzin se lassa de l’influence française. Il perçut des taxes sur leur occupation de Cotonou et refusa de les laisser continuer à occuper Ouidah. Comme conséquence de ce conflit, une bataille éclata à Cotonou et à Porto-Novo en 1890. cette bataille connue sous le nom de Première Guerre de Résistance, n’a pas duré, mais les deux camps continuèrent à préparer leurs armées. Béhanzin remettant en cause cette présence française, la marine française bombarde Cotonou. Béhanzin devra s'incliner. Mais le ministre Etienne à Paris veut la guerre. Béhanzin est en conflit avec ses voisins. La canonnière Topaze qui remonte le fleuve Ouémé en mars 1892 avec à son bord le gouverneur français Victor Ballot essuie le feu des Dahoméens. Le prétexte est trouvé.
L'armée danhoméenne
L'armée du Dahomey représente une force respectable. Les troupes permanentes comptent environ 3 000 guerriers auxquels il faut ajouter les 800 guerrières de la garde personnelle du roi Béhanzin, les "Amazones". En cas de besoin, tous les hommes en âge de servir doivent rejoindre l'armée ce qui porte les effectifs à plus de 12 000 "hommes".
Profitant des sommes allouées par la France pour acheter son amitié, le roi a renouvelé en partie l'armement de ses troupes. Il a fait l'acquisition de 2 000 fusils modernes (Winchester américaines et Chassepot français), de 5 mitrailleuses (des Reffye françaises obsolètes) de 400 000 cartouches mais aussi et surtout de six canons Krupp. Profitant probablement des conseils de quelques trafiquants européens, ses troupes sont capables de manœuvrer sous le feu.
Dès 1892, Béhanzin contesta l'accord signé 2 ans avant et il attaqua Porto-Novo et les villages environnant, la seconde Guerre de Résistance éclata. Un corps expéditionnaire français fut alors dépêché sous les ordres du colonel Dodds dont les opérations débutent le 9 août 1892 . Elle dura de 1892 à 1894, lorsque les Français infligèrent une défaite aux forces armées du Danhomè.
Ce colonel ensuite devenu général conquit la région plus le royaume d'Abomey, Behanzin fut contraint à la rédition le 25 janvier 1894 et déporter à la Martinique. Le roi Behanzin fut banni de son pays, exilé en Martinique et mourut en exil à Alger. Ses restes ne connaîtront le repos en terre danhoméenne qu'en 1928.
Malgré les efforts du Roi Béhanzin pour reconquérir la région, le Dahomey est finalement unifié en 1894 mais il est considéré comme l'un des plus grands résistants africains aux conquêtes coloniales.
Lisez son dernier discours avant de se rendre aux français : Discours d'Adieu de Béhanzin

L'amour a son instinct,
il sait trouver le chemin du coeur
comme le plus faible insecte marche ŕ sa fleur
avec une irrésistible volonter


Seuls Sur Le Sable

Je respire l'odeur de ton corps chaleureux.
Tu m'embrasse et vois s'afficher un sourire radieux
Sur mon visage éclairé d'une exquise lumière
Celle que m'offre tes yeux bleu clair.

L'élixir de ta bouche où l'amour se propage
Et de part en part enveloppe mon visage
Rempli à jamais mon coeur de douceur
Et vers toi mes désirs partent sans peur.

J'aime voir ton être frémir avec ton âme
Quand dans le mien ton corps s'enflamme
Et boire ton souffle comme un cadeau de la vie
Ainsi nous sommes réunis en une parfaite harmonie.

Puis, quand la nuit voluptueuse pénètrera les cieux,
Que tu dormiras paisiblement à l'ombre de mes seins,
Je déposerai, éternel et muet, un baisé d'adieux
Sur les lèvres de ton sommeil divin.

-constantlove!!!
 
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